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Sharewood, habitat participatif

 

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Deux jeunes familles souhaitaient mutualiser leurs moyens pour développer un habitat partagé écologique et largement auto-construit, proche de Chambéry et de Grenoble. Le terrain envisagé, dans le massif des Bauges, présentait de belles qualités : une prairie en pente plein sud, un environnement villageois préservé, et une perspective naturelle vers le Granier, émergeant du massif de la Chartreuse.

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A l’échelle du hameau, l’habitat traditionnel préservé et l’accès par le haut du terrain plaidaient pour une implantation perpendiculaire aux courbes de niveau, avec un accès de plain-pied depuis la route au nord, et un pignon sud ouvert sur le soleil et la vue.

Les façades en bardage bois brut, la toiture métallique, le choix de talus enherbés plutôt que de murs de soutènement, l’absence de clôtures renforceront l’intégration visuelle de ce lieu de vie dans le tissu villageois.

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Sharewood 09A l’échelle du bâtiment, plutôt que de s’affranchir de la déclivité du terrain, le choix a été fait d’adapter les espaces de vie à la pente, pour renforcer la continuité de plain-pied intérieur/extérieur et enrichir les ambiances et les vues intérieures. Ainsi, cuisines, salles à manger et salons s’organisent d’un seul tenant selon une topographie intérieure, où les demi-niveaux sont articulés par des éléments d’assises et de mobilier intégré.

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Les deux logements se développent à l’est et à l’ouest, de part et d’autre d’un mur central dont le rôle est d’accumuler les apports caloriques solaires et la chaleur des poêles à bois. Un vaste grenier, d’accès indépendant, constitue une partie commune à usage de stockage, lieu festif et logement d’appoint.

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Outre les deux terrasses privatives de part et d’autre du bâtiment, une vaste terrasse se développe au sud. Le dessin de la façade en pointe de diamant permet, malgré la mitoyenneté, d’offrir une bonne intimité dans l’usage des espaces intérieurs et extérieurs.

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L’ensemble du bâtiment a été conçu et réalisé en ossature bois avec remplissage en ballots de paille, à l’exception des soutènements et du mur masse central, réalisés en maçonnerie. Le bois de structure a été abattu dans la forêt familiale, la paille vient des alentours, et les briques du mur central (BTC) ont été réalisées à partie de la terre des fouilles.

La construction a donné lieu à un chantier participatif, avec de nombreux contributeurs et contributrices, à travers l’entourage amical et familial mais aussi grâce au réseau Twiza, communauté virtuelle d’autoconstructeurs : https://fr.twiza.org/

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Missions réalisées : Avant-Projet, Permis de Construire, études de Projet. Les détails d’exécution et d’aménagement intérieur ont été conçus et réalisés par les co-habitants.

Charpentier : Louis Koenig – www.louiskoenig.fr

 

Un p’tit coin wabi-sabi

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Quelque part, serti au cœur d’une forêt reculée d’Europe, une ville ferme… On raconte que c’est un sanctuaire qui abriterait des fées… Ce qui est sûr, c’est qu’il constitue un lieu de ressourcement pour des visiteurs du monde entier.

S’il faut, dans des conditions rustiques mais conviviales, leur offrir gîte et couvert, il faut également prévoir un petit coin accessible, minimalement confortable, et cohérent avec l’esprit des lieux !

Le choix de toilettes sèches s’imposait : économie de la ressource en eau dans ce site non raccordé au réseau public, ressource en litière à proximité (scieries). En aval du captage d’eau potable, proche du compost et du jardin, à proximité de la maison et des différentes zones d’hébergement, le petit pavillon est judicieusement placé.

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Une structure primaire était déjà en place : une plateforme de plain-pied avec le chemin d’accès, abritée par un toit qui pourra recevoir des panneaux solaires, et un niveau technique inférieur pour recueillir les urines et les matières solides de manière séparée. L’enjeu était d’en achever l’aménagement.

Pour moi, il s’agissait de dépasser deux contraintes : une localisation privilégiée en entrée de site pour ce bâtiment trivialement utilitaire, et aussi une structure d’aspect néo-rustique assez banalisante en l’état. Je me suis souvenu des propos de Junichiro Tanizaki au sujet des toilettes traditionnelles japonaises, dans son Eloge de l’ombre :

« Il n’est, pour apprécier pleinement cet agrément [se soulager], d’endroit plus adéquat (…) d’où l’on peut, à l’abri de murs tout simples, à la surface nette, contempler l’azur du ciel et le vert du feuillage. (…) C’est l’endroit le mieux fait pour goûter la poignante mélancolie des choses en chacune des quatre saisons, et les poètes de haïkaï ont dû trouver là des thèmes innombrables. »

Entre le caractère forestier des lieux et celui, ludique et amical, de l’accueil qui y est pratiqué, l’identité proposée pour ce petit coin sera à la rencontre entre un pavillon de thé et un nichoir à oiseaux.

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Etant le premier bâtiment visible du chemin d’accès, il présente une façade plutôt fermée pour à la fois taire sa fonction et oublier le bavardage de son ossature. L’expression d’un volume simple, en bardage bois vertical, fait pendant au volume de la grange et renforce le point focal et cœur du lieu de vie : l’allée couverte et ses portes coulissantes. Cependant, quelques singularités dans les formes et ses matériaux interrogent déjà sur la fonction.

De planches droites en dosses puis en branches brutes, le bardage se fait plus rustique et plus ajouré, jusqu’à donner accès au lavabo et aux cabines.

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Les deux principales cabines de toilettes s’ouvrent généreusement sur le paysage du vallon, au travers de grandes ouvertures qui jouent avec la structure du pavillon et offrent une expérience de « cabane dans les arbres », pour faire d’une activité triviale une expérience attentive et joyeuse, tous les sens en éveil.

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Mission réalisée : Conception architecturale, accompagnement chantier participatif

Une géonef dans la pente

 

Une famille créative, bricoleuse et désireuse de retrouver soleil et espace, a décidé de quitter son fond de vallée de Chartreuse pour monter sur les hauteurs mieux exposées, là où, sur un coteau assez densément boisé, la route du village égrène d’anciens hameaux agricoles plus ouverts, environnés de jardins, vergers, prairies.

Le terrain choisi, issu du lotissement d’une ancienne propriété, est une bande de terrain assez pentue, en contrebas de la route et de la plateforme d’accès au lotissement. Plantée de quelques épicéas, elle compte aussi un vieil et majestueux érable.

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Pente assez prononcée vers l’Est, grand feuillu existant à mi-pente au sud, régime des vents spécifique à cette vallée encaissée, la maison cherche à tirer le meilleur parti du potentiel bioclimatique du terrain et à offrir une intégration paysagère réussie.
Soucieux à la fois de maximiser les apports solaires, d’éco-autoconstruire, et de faire du végétal une composante à part entière de leur habitat, les clients souhaitaient un habitat directement inspiré des géonefs (typologie d’habitat bioclimatique d’origine américaine « Earthship »).
Le terrain étant en pente vers l’Est, alors que les géonefs sont conçues pour être mono-orientées au sud avec une serre courant tout au long de la façade et semi-enterrées au nord, l’enjeu du projet a été d’adapter le modèle au contexte et à la topographie.

Pour cela, la maison s’implante dans la longueur de la parcelle avec un angle qui constitue le meilleur compromis entre l’orientation solaire sud et la préservation du système racinaire de l’érable existant. Le profil typique des géonefs est « cassé » en escaliers sur trois volumes pour s’adapter à la pente, avec des toitures plates et végétalisées de manière à « rendre » en toiture les surfaces prises au sol.

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Construite en ossature bois local sur soubassement maçonné, la maison est largement vitrée au sud, où elle est doublée d’une serre qui permet à la fois le préchauffage de l’air en hiver, la protection solaire en été, et des cultures potagères. Les autres façades et les toitures sont isolées en bottes de paille, avec un enduit terre côté intérieur. Les dalles basse et le refend intérieur, contre lequel s’appuie le poêle, apportent l’inertie thermique nécessaire. Quant aux toitures-terrasses végétalisées, elles participent au confort d’été, à la fertilité de la parcelle, et jouent un rôle dans le stockage et la diffusion lente des pluies d’orage, dans cette zone d’aléas de glissements de terrain.

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A l’intérieur, la maison se structure en trois zones : un volume qui assure les fonctions d’abri-voiture, d’entrée abritée et d’atelier de menuiserie ; un volume « espace jour » avec les pièces de vie prolongées par le volume de la serre ; un volume « espace nuit » avec les chambres et un bureau multifonctions.

Ce choix de fragmenter le schéma traditionnel d’une géonef, en trois volumes de plain-pied avec la pente, permet d’ouvrir des vues vers le paysage de la montagne du Néron à l’Est, depuis la pièce de vie, la salle de bain et le bureau, par-dessus le toit du volume suivant en contrebas. C’est un enrichissement du modèle, qui n’offre habituellement que des ouvertures en second jour, et une réponse au souhait d’être fortement connecté au paysage depuis les différents espaces.

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Atypique par ses volumes dans ce paysage de Chartreuse, la maison présente deux façades principales très différentes. Si la façade sud, sans vis-à-vis, développe ses baies et sa véranda face au soleil, la façade nord, du côté de l’accès et face au reste du lotissement, reste discrète car assez peu affleurante au-dessus du terrain, avec des parties visibles bardées de bois brûlé.

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Si les fondations sont réalisées par une entreprise, toute la charpente est assemblée en autoconstruction accompagnée, et le second oeuvre entièrement en autoconstruction.

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Missions réalisées : Avant-Projet, Permis de Construire, études de Projet sur le Clos-couvert

 

le Lopin Mutin, habitat participatif

 

Trois jeunes familles parisiennes, dont deux partageaient déjà une grande maison, souhaitaient construire un lieu de vie qui leur ressemble loin de la capitale. Résilience, redéfinition des besoins, reconversions professionnelles dans des métiers agricoles et artisanaux, espaces de travail partagés, accueil d’autres co-habitants, ancrage dans un territoire rural, sobriété énergétique étaient autant d’ingrédients divers mais cohérents. Restait à trouver un lieu !

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Plusieurs propriétés ont été étudiées, avec comme dénominateurs communs recherchés une situation en petite montagne, par trop éloignées des grandes infrastructures de mobilité, du terrain agricole, l’accès aux ressources en eau et en bois de chauffage, des corps de bâtiment qui puissent être restructurés en plusieurs lots et parties communes, une capacité à s’agrandir…

Après des études de faisabilité sur plusieurs sites, le choix s’est porté sur un corps de ferme vieillissant mais dont le site offrait de nombreux atouts, dans le massif des Chambarans.

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La construction, très hétérogène et sans grand caractère, avait pour principal avantage sa volumétrie et son exposition solaire. C’est ce qui a guidé le projet architectural : une isolation thermique par l’extérieur a offert un traitement unitaire aux façades, la suppression des apprentis a permis de profiter des apports solaires et de renforcer le lien avec le site environnant. Le cèdre existant, qui constituait un masque trop important, a dû être supprimé.

L’escalier intérieur a été conservé pour distribuer les logements, qui se développent dans les étages autour de leurs poêles de masse respectifs. Les espaces du rez-de-chaussée, quant à eux, accueillent les lieux de vie collectifs : cuisine, salle de convivialité, ateliers.

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La salle commune, utilisée pour les repas, les réunions, les jeux, les petites activités manuelles et située en entrée de site, joue le rôle de « tête de proue » iconique de ce lieu de vie collectif. Elle se singularise par l’usage du bois, avec l’intégration de troncs d’épicéas abattus sur le terrain comme mâts pour les voiles d’ombrage de la terrasse à l’étage.

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Entamés en 2018, le travaux de rénovation sont en cours d’achèvement, au rythme (soutenu!) de l’auto-construction !

Le journal en ligne Reporterre a consacré un article au projet du groupe ; à titre personnel je trouve l’angle journalistique adopté très contestable, mais pour le reste il présente assez fidèlement leur démarche : https://reporterre.net/Peut-on-changer-de-vie-sans-lutter-pour-changer-le-monde

Missions réalisées : Accompagnement / Faisabilité pour différents lieux prospectés, Avant-Projet, Permis de construire

Cantercel

 

Dans l’arrière-pays montpelliérain commencent les premiers causses du plateau du Larzac. De là, le regard porte jusqu’à la mer…

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Là, un groupe d’architectes, d’ingénieurs et d’artistes a établi un site expérimental d’architecture, Cantercel. D’une grande variété d’ambiances naturelles mais soumis au soleil écrasant, aux vents, aux rigueurs hivernales, le site se prêtait idéalement à l’expérimentation sur l’architecture et l’habitat.

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Maison en paille GREB iséroise

Après plusieurs années de précarité énergétique dans des logements locatifs inconfortables, un couple avec deux jeunes enfants souhaitait faire réaliser une maison confortable, saine, et peu énergivore.

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Projet-StBueil-croquis011Le parti architectural est celui d’une maison type longère, en continuité avec le tissu villageois environnant, et largement ouverte au sud sur le terrain et l’église voisine. Son plan simple permet de favoriser une bonne réalisation de l’isolation en auto-construction.

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Ferme muletière en Ardèche

A la demande d’un couple d’éleveurs, il s’agissait d’organiser sur un terrain en site isolé deux bâtiments, un espace atelier cuir et forge et logement, et une grange à foin. L’orientation solaire et les lignes de forces du terrain, enclos de murs en pierres sèches, ont guidé l’implantation des bâtiments.

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Le choix d’une construction bois et d’une couverture en ciment ondulé brut, préférés à une construction brique habillée en pierre avec couverture en tuiles de récupération sur ciment ondulé brut, a été motivé à la fois par la facilité d’autoconstruction, la rareté de la ressource en eau sur le site, et la nécessaire simplicité et sincérité des matériaux dans un site où les éléments naturels sont aussi présents.

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