Sur les piémonts de Belledonne, face aux falaises du Grésivaudan, une ferme abandonnée depuis plusieurs décennies s’effaçait peu à peu sous les ronces et les effets des intempéries et de la gravité…
Une maison paysanne avec sa grange attenante, une scierie traditionnelle encore équipée, un hangar, une grangette, une fontaine, un four à pain au bord de la ruine, une écurie déjà effondrée, et un potager et des terres enfrichés…
Une habitante de la région s’était fait un défi de sauver l’ensemble et d’en faire son lieu de vie et de travail. La rénovation de l’ancienne habitation, le défrichage du terrain, la création d’un assainissement en phyto-épuration, ont impliqué beaucoup d’autoconstruction, sans compter le débarrassage de tout ce que contenaient les bâtiments, laissés en l’état depuis plusieurs décennies. Ceci fait, la transformation de la grange en habitation pouvait commencer.
Le programme consistait en deux logements superposés, avec une entrée commune, et pouvant être associés.
Un premier niveau pourrait être un logement ou un espace de coworking, un second niveau sous combles constituerait un second logement indépendant, ou pourrait devenir un plateau de chambres pour le niveau bas.
Au premier niveau, outre une partition évidente nord-sud espaces servants / espaces servis, le parti-pris a été d’organiser l’espace de vie en demi-niveaux pour faire corps avec le versant, et offrir une vue plongeante sur la vallée à travers tout le plateau, par une ouverture existante élargie. Avec cette adaptation au terrain et la reconstruction d’une avancée de toiture le long de la façade, le rapport de plain-pied avec la cour jardinée au sud est renforcé, et les apports solaires contrôlés.
Depuis l’entrée commune en double hauteur, au point haut de la cour, un escalier mène au second niveau sous combles. Suivant la volumétrie des structures, celui-ci est structuré par une ouverture en pignon vers l’aval et le grand paysage, avec une vue vertigineuse sur la vallée du Grésivaudan.
Côté technique la charpente originale, dimensionnée seulement pour des charges de couverture, a été entièrement reconstruite pour être isolée et faciliter l’aménagement. Une tuile écaille vieillie, très proche de l’existante, a été choisie, et le coyau et la dépassée de toiture reproduits.
A l’intérieur de la grange, après la suppression des quelques refends, des banquettes et soutènements en béton armé ont dû être réalisés, et intégrés à l’agencement des espaces et des demi-niveaux.
Le pignon a été reconstruit en ossature bois, avec un bardage bois vertical traditionnel mais à lames étroites, discrètement contemporain. Le même bardage a servi à habiller le pignon en agglos ciment de l’habitation attenante en amont, redonnant une cohérence visuelle à l’ensemble.
Les ouvertures créées dans le niveau maçonné ont été traitées en intégration, avec des jambages en pierre et des linteaux en vieux bois, et l’ensemble des façades de la grange et des annexes attenantes ont été rejointoyés à la chaux.
D’autres bâtiments annexes ont été rénovés ou reconstruits en parallèle des travaux de la grange, comme le hangar et la grangette, avec des bois anciens réemployés, et dans un souci de préservation de l’esprit du lieu.
Missions : Conception architecturale complète, Suivi des travaux sur le clos-couvert